Le Petit Journal — L’actualité locale et internationale pour les Expatriés Français et les francophones, 9 octobre 2016
De ses périples en Roumanie, Grégory Rateau, écrivain, réalisateur et scénariste français, a voulu en faire un livre. Rencontres, sensations, expériences… tout est raconté dans ce récit de voyage en lice pour le prestigieux prix Pierre Loti qui récompense chaque année le meilleur récit de voyage. Déjà disponible à la librairie française de Bucarest Kyralina, Hors-piste en Roumanie, récit du promeneur est un livre qui permet de découvrir en profondeur une Roumanie difficilement accessible. Son auteur vit aujourd’hui à Bucarest et Lepetitjournal.com/Bucarest l’a rencontré.
Ces premières perceptions du voyageur, dont vous parlez, peuvent être très diverses. Comment avez-vous fait pour les ordonner dans votre livre ?
J’ai essayé de coucher sur le papier le plus rapidement possible tous les endroits que j’ai pu découvrir et les rencontres que j’ai pu faire, mais aussi mes états d’âme. Je pars d’expériences vécues, liées à un événement, un lieu ou une sensation, et je les développe. On retrouve par exemple certaines réflexions sur le deuil. J’ai construit ce livre en petits chapitres, dans lesquels on aborde tout type de sujet.
Quelle idée de la Roumanie aviez-vous avant d’écrire ce livre ?
Je suis venu plusieurs fois, mais à chaque fois lors des vacances, donc ma vision de la Roumanie était un peu idéalisée. J’ai toutefois voulu être honnête, car mon envie d’écrire est partie de déconvenues. Je dois dire d’ailleurs que j’aurais pu rester avec une image assez négative de ce pays. Mais le fait de raconter et de me raconter, m’a sauvé. J’ai ainsi pu découvrir une Roumanie authentique. J’ai aussi été sauvé par mes lectures roumaines, comme celles de Panait Istrati ou d’Emil Cioran. Raconter la Roumanie à travers mes voyages était donc aussi une façon de leur rendre hommage.
Comment conseilleriez-vous aux Français de découvrir cette Roumanie que vous décrivez dans votre livre ?
De fréquenter les Roumains et d’assister à des grands moments religieux comme Noël ou Pâques. Il faut accepter les invitations à des barbecues et ne pas hésiter à aller dans des petits troquets pour partager une discussion. La barrière de la langue n’est pas infranchissable. Je ne parle pas très bien le roumain, mais autour d’un verre de tuica, on arrive toujours à se débrouiller. Il existe un langage universel. L’important est d’aller à la rencontre des gens et cela nécessite de découvrir à la campagne, car il est plus difficile de tisser ce genre de liens à Bucarest.
La Roumanie aujourd’hui, en quelques mots ?
Je trouve qu’il y a beaucoup de solidarité, mais aussi une sorte de découragement. Emil Cioran en parlait déjà très bien. Les Roumains sont découragés parce qu’ils ont été mis de côté pendant longtemps. Et même si aujourd’hui ils ont accès à la société occidentale, il reste une certaine honte, très présente chez ceux qui s’exilent. Pour ceux qui restent, par contre, je trouve qu’il y a un fortement attachement au territoire. En fait, il y a un rapport d’amour et de haine très fort, car les Roumains sont très patriotes. Nous, les Français, nous sommes plutôt dans l’auto-critique et le rapport à notre pays n’est pas aussi passionné… [+]